En cette journée internationale contre la peine de mort, le saviez-vous ? C’est en 1952 que Georges Brassens tourne en ridicule les juges appliquant la peine de mort avec … « Le gorille« . Dans sa chanson, un juge est confondu avec une femme à cause de sa robe, et se fait violer par un gorille. Mais c’est seulement dans le dernier couplet que Brassens dévoile son but premier : dénoncer l’inhumanité de la peine de mort.
« Car le juge, au moment suprême
Criait – « Maman ! », pleurait beaucoup
Comme l’homme auquel, le jour même
Il avait fait trancher le cou »
Le gorille est resté censuré pendant quelques années avant de connaître le succès.La chanson fut interdite sur les radios françaises. Il faut attendre la création de la radio Europe 1 en 1955, pour qu’elle soit diffusée sur les ondes.
C’est à travers de larges grilles, que les femelles du canton
Contemplaient un puissant gorille, sans souci du qu’en-dira-t-on
Avec impudeur, ces commères lorgnaient même un endroit précis
Que, rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici
Gare au gorille!
Tout à coup la prison bien close où vivait le bel animal
S’ouvre, on n’sait pourquoi Je suppose qu’on avait du la fermer mal
Le singe, en sortant de sa cage dit « C’est aujourd’hui que j’le perds! »
Il parlait de son pucelage, vous aviez deviné, j’espère!
Gare au gorille!
L’patron de la ménagerie criait, éperdu: « Nom de nom!
C’est assommant car le gorille n’a jamais connu de guenon! »
Dès que la féminine engeance sut que le singe était puceau,
Au lieu de profiter de la chance, elle fit feu des deux fuseaux!
Gare au gorille!
Celles là même qui, naguère, le couvaient d’un œil décidé,
Fuirent, prouvant qu’elles n’avaient guère de la suite dans les idées
D’autant plus vaine était leur crainte, que le gorille est un luron
Supérieur à l’homme dans l’étreinte, bien des femmes vous le diront!
Gare au gorille!
Tout le monde se précipite hors d’atteinte du singe en rut,
Sauf une vielle décrépite et un jeune juge en bois brut;
Voyant que toutes se dérobent, le quadrumane accéléra
Son dandinement vers les robes de la vieille et du magistrat!
Gare au gorille!
« Bah! soupirait la centenaire, qu’on puisse encore me désirer,
Ce serait extraordinaire, et, pour tout dire, inespéré! »;
Le juge pensait, impassible, « Qu’on me prenne pour une guenon,
C’est complètement impossible » La suite lui prouva que non!
Gare au gorille!
Supposez que l’un de vous puisse être, comme le singe, obligé de
Violer un juge ou une ancêtre, lequel choisirait-il des deux?
Qu’une alternative pareille, un de ces quatres jours, m’échoie,
C’est, j’en suis convaincu, la vieille qui sera l’objet de mon choix!
Gare au gorille!
Mais, par malheur, si le gorille au jeu de l’amour vaut son prix,
On sait qu’en revanche il ne brille ni par le goût, ni par l’esprit
Lors, au lieu d’opter pour la vieille, comme l’aurait fait n’importe qui,
Il saisit le juge à l’oreille et l’entraîna dans un maquis!
Gare au gorille!
La suite serait délectable, malheureusement, je ne peux
Pas la dire, et c’est regrettable, ça nous aurait fait rire un peu
Car le juge, au moment suprême, criait: « Maman! », pleurait beaucoup,
Comme l’homme auquel, le jour même, il avait fait trancher le cou
Gare au gorille!