ACAT SELESTAT

ACTION DES CHRETIENS POUR L’ABOLITION DE LA TORTURE
« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites »  -  Matthieu (25-40)

USA: Silence, on tue !

Une nouvelle exécution fédérale est prévue demain 22 septembre 2020, celle d’un condamné à mort soutenu par l’ACAT, William Emmett Lecroy. S’il était exécuté, William serait le sixième depuis que la Cour suprême a autorisé la reprise des exécutions fédérales après dix-sept ans de moratoire, sous l’impulsion du gouvernement de Donald Trump. Ce dernier, soucieux de conserver le soutien de sa base, martèle son attachement à la peine capitale.
(–> Lire la suite…).

Depuis plus de 10 ans, le groupe ACAT d’Epernay correspond avec William, dans le couloir de la mort à Terre Haute, en Indiana, aux Etats Unis. Marie-Nicole nous a transmis un poème écrit par William…

TIMBER

De cette fenêtre grillagée,

Roussis en bordure d’une prairie,

Je regarde ces pins tordus,

Rangées offrant la sève

De leurs troncs sans écorce ;

Peut-être pleurent-ils, au souvenir du temps

De leur jeunesse, quand ils verdoyaient.

Des bandes d’un orange brillant, comme un collet,

Les étranglent, les condamnent.

Ils n’appartiennent plus à l’écosystème vivant,

Différents en quelque sorte – infestés et hideux,

Ou couverts de moisissures, ou contaminés par la pourriture-

Ils portent le sceau de la mort, mis en quarantaine,

Attendant anxieusement leurs bourreaux.

S’interrogent-ils sur ce destin ?

Sont-ils conscients ? Se battent-ils jusqu’à leur dernier souffle,

Les sens en éveil, toujours sur leurs gardes,

A l’écoute du bruit menaçant des haches,

Du grondement des tronçonneuses

Dont les vibrations font trembler la moindre aiguille brune, desséchée ?

Et quand ils ont rejoint ceux qui sont abattus,

Paralysés et étendus sur le sol de la forêt,

Languissant dans la mort, à l’insu des autres,

Prêts à être débités en morceaux, et tractés,

Hurlent-ils violemment quand on les empile sur le bûcher ?

Enfin consumés. Ils ne sont plus que cendres. Morts et disparus.

Restera-t-il quelque chose d’eux

Ou sombreront-ils dans l’oubli glacial de la mort ?

Existe-t-il un endroit éternel et fertile

Au bord d’une calme rivière baignée de soleil

Où leur esprit pourra s’enraciner ?

Ou peuvent-ils considérer uniquement la mise à mort

Qui attend aujourd’hui, ou demain, ou le jour d’après,

Toute chose vivante finalement,

Même les hommes ici dans le couloir de la mort,

Isolés, vieillissants, mourant comme ces pins ?

Peut-être sont-ils résignés à l’idée

Que, bien trop tôt, nous tous, même les puissants,

Quelque chose vient nous abattre.

Et peut-être redoutent-ils seulement l’arbitraire attente.

 

William E. LeCroy, Jr

(Poème reçu en 2011)

Timber désigne un bois, des arbres promis à l’abattage. A travers une longue métaphore, William médite sur le sort des hommes dans le couloir de la mort. Sa réflexion s’élargit à notre condition humaine.

 

Les commentaires

Aucun commentaire, laissez votre commentaire.

Laisser une réponse



Nuit des Veilleurs 2022
Voir toutes nos photos

Formulaire de contact

Nom                                                                                           Email
Votre message

Savez vous compter ? (contre le spam) Combien font 8 auquel on ajoute 6 :