ACAT SELESTAT

ACTION DES CHRETIENS POUR L’ABOLITION DE LA TORTURE
« Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites »  -  Matthieu (25-40)

Exclusif à Sélestat: Jeu de rôle avec les Confirmands !

Depuis plusieurs années, la communauté de paroisses catholique  nous sollicite annuellement pour un témoignage sur l’engagement chrétien en ACAT auprès des confirmands. A chacune de ces rencontres, nous avons été surpris par la qualité d’écoute et la pertinence des questions posées par ces jeunes d’à peine 13 ans.

Et puis, l’an dernier, Talitha, la coopératrice de la pastorale des jeunes, a souhaité aller plus loin dans la démarche. Elle demandait aux associations de proposer un projet de rencontre plus élaboré dans lesquels les jeunes ( en 2ème année de préparation ) s’investiraient davantage… Dans le même temps, heureuse coïncidence, Jean-Luc Martin de l’ ACAT à Paris envoyait aux groupes le jeu de rôle  » Famille de disparus » que je m’empressais donc de soumettre à Talitha. Connaissant son goût pour le théâtre , nous savions que le projet emporterait son adhésion ; par contre , nous étions beaucoup moins sûrs de nos compétences en la matière …

Nous nous sommes donc mis en devoir d’apprivoiser ce fameux jeu de rôle :

– Première étape en janvier 2011 à Paris au cours du week-end Vivr’ACAT : le samedi soir, dans les locaux de la maison Nicolas Barré, initiation au jeu pour 2 d’entre nous avec d’autres acatiens et les concepteurs du jeu.

– Deuxième étape en octobre lors de notre réunion mensuelle : les  » 2 initiées » invitent les autres membres du groupe ainsi que Talitha à entrer dans le jeu ; une expérience que tout le monde apprécie.

– Troisième étape fixée au samedi 26 novembre 2011, dans le cadre de la semaine de la solidarité : rencontre avec deux équipes de jeunes confirmands.

Au rendez-vous, nous étions 8 adultes – 7 acatiens et Talitha –  ( tous à nous demander si nous serions bien à la hauteur du défi ) face à 12 jeunes de 14 ans à l’oeil interrogateur …

Pour le déroulement , voici ce qu’en dit Talitha qui fut  » maître du jeu » :

 »  Tenter d’ intéresser des ados de 14 ans au sort des disparus qui vivent à des milliers de kilomètres d’ ici, ce n’était pas gagné d’avance… Est-ce qu’ils allaient être là ? comprendre le jeu ? est-ce qu’ils allaient vouloir se prêter au jeu de rôle ? Et ces membres de l’ACAT, allaient-ils réussir à capter l’attention des jeunes ? …

Soulagement, en voyant arriver les membres de l’ACAT : toutes des personnes qui ont déjà « expérimenté » des ados ! En plus, leur enthousiasme est contagieux; on prend un café tout en réglant les derniers détails et puis les jeunes arrivent : 12 présents sur 15 possibles : un beau score !

Nous leur remettons les dossiers des familles des disparus ( je lance une petite prière à l’Esprit pour qu’il souffle !) et voilà les jeunes partis à la recherche de leurs frères, leurs fils, leur filles. Nos ados se glissent avec une facilité déconcertante dans la peau des familles. Ils partent à la chasse d’informations : « l’armée n’en a rien à cirer de nos problèmes », s’écrie Julien en sortant d’un bureau. Dans son fauteuil, je vois l’animateur (Marie-Hugues) qui rit : il est parfait dans son rôle d’officier de l’armée.  Je demande à une autre équipe : » Vous avez retrouvé Maïna? » , « Elle est morte, » répond Anne-Marie, sa maman, « mais nous voulons retrouver son corps. » Dans le bureau de l’Etat, les esprits s’échauffent : « Il est hors de question que nous signions un acte de décès sans preuves », insiste Lucie, « les ONG nous ont expliqué votre jeu. Si on signe, vous arrêterez les recherches : je veux retrouver mon frère! »

Pendant une heure, les jeunes tatonnent, essaient de percer le mystère … « c’est dur « , dit Anne-Marie, « en plus, dans des cas comme ça, il n’y a pas de mode d’emploi… » Quand vient la sonnerie finale, tout le monde a hâte de se retrouver. Attendent-ils un dénouement, une réponse à leur question? Il n’y en aura pas, comme dans la vraie vie. A les entendre réagir, je vois qu’ils ont compris l’importance des associations et de la communauté internationale dans des questions aussi épineuses que des disparitions forcées. S’ils ne retiennent que cela, ils auront compris l’essentiel.  « 

Au moment de la restitution, lorsqu’ils découvrent que les personnes disparues sont bien réelles, il y a un instant de silence emprunt d’une gravité bien perceptible… mais immédiatement suivi de nombreuses questions concernant le sort de ces 3 personnes, le pourquoi et le comment de notre action… son efficacité…

Anne-Marie   » maman de Maïna  » nous dit avoir ressenti de la colère face à l’arbitraire ( « s’ils voulaient m’arrêter, ils n’avaient qu’à m’attendre… Maïna était jeune… elle avait plein de choses à vivre… ils n’avaient pas le droit… » ) et à l’indifférence des autorités, Julien nous confie avoir été frappé par le fait qu’ Ibni Oumar avait été enlevé le 3 février , date de son propre anniversaire… Les jeunes se sont bien appropriés la situation de chacune des familles.

Benoît fait aussi référence à l’actualité immédiate ( le meurtre d’Agnès au collège de Chambon sur Lignon) pour parler de prison et de la peine de mort … L’échange est passionné et fructueux… On nous demande de revenir en janvier pour prolonger le dialogue…

Nous repartons avec 3 dates de rendez-vous pour janvier 2012, merveilleusement surpris par la lucidité, la soif de connaissance, l’ouverture d’esprit de ces très jeunes ados… Une belle aventure à suivre…

Pour conclure, quelques impressions données par Annie, membre du groupe :

 » Je trouve que l’animation valait le coup d’être faite, autant pour les jeunes … que pour nous ! D’après leurs questions et leurs réactions, je pense que ce jeu les a informés d’une part ( ils ont découvert des réalités qu’ils ne connaissaient pas), et fait réfléchir d’autre part, ce qui était bien le but de l’intervention. Des graines ont été semées.  Et pour notre groupe, c’est tout bénéfice aussi : s’engager ensemble contribue à souder le groupe et à développer la motivation. »

En attendant d’écrire une nouvelle page de rencontre avec les jeunes, nous tenons à remercier les concepteurs du jeu de rôle  » famille de disparus  » , ce précieux outil qui nous a donné envie de nous lancer  dans cette belle expérience …

Le groupe ACAT de Sélestat

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