A bon port
Heureux celui qui arrive à bon port,
Qui laisse derrière lui les mers et les tempêtes,
Dont les rêves sont morts ou jamais ne sont nés,
Et qui s’assied, qui boit, à l’auberge de Brême,
Près de l’âtre, et il se sent en paix.
Heureux celui comme une flamme éteinte,
Heureux celui comme le sable des estuaires,
Qui a posé le fardeau, s’est essuyé le front
Et repose au bord du chemin.
Il ne craint rien, ni n’espère, ni n’attend,
Mais regarde, fixement, le soleil qui se couche.
Primo Levi
(poème extrait de » L’osteria di Brema » – 1975)
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